LE REGARD SANS CESSE ACCROCHÉ AU CIEL, constellé de bombes allemandes, Sarah Brown
n’a pour toute richesse que sa valise, baptisée Humphrey, de bonnes intentions et une bienveillante inefficacité… Mais lorsqu’elle croise la route du fidèle Harold, un balai égaré par une sorcière londonienne, c’est pourtant bien à elle qu’il incombe de le restituer à sa propriétaire. Avec son chien David, Miss Brown découvre
alors l’île Moufle, nichée entre la Forêt
Enchantée et la Commune de la Faërie,
où se dresse une petite maison curieusement nommée « le Fort Intérieur »…
Paru en 1919, au sortir de la Première Guerre mondiale, Le Fort Intérieur, sorte de Mary Poppins pour adulte avant l’heure, anticipe le
ton comique et léger que la fantasy connaîtra
bien des décennies plus tard, avec entre autres Terry Pratchett et Neil Gaiman.
Très admirée par Virginia Woolf, la féministe Stella Benson (1892-1933) signe ici un roman inclassable et d’une modernité savoureuse, superbement illustré par Anouck Faure.
Titre : Le Fort Intérieur
Autrice : Stella Benson
Traduction : Faustine Lasnier
Illustratrice : Anouck Faure
Postface : Dr Jem Bloomfield
Biographie : Dennis Harrison
Design graphique : Thierry Fraysse
Collection : "L'Âge d'or de la fantasy"
Parution : 15 octobre 2020
Format : 20 x 13,5 cm
Façonnage : broché
Pagination : 272 pages
ISBN : 978-2-901207-09-2
Prix : 19 euros
Dans les coulisses du Fort Intérieur...
Plongez au coeur du processus créatif d'Anouck Faure
Comment aborde-t-on l’illustration d’un tel roman ? La prose de Stella Benson se prête-t-elle facilement à l’illustration ?
En tant qu’illustrateur, on ne lit pas toujours les romans que l’on met en image, pour des questions de temps ou parce que ce n’est pas possible (roman pas encore traduit par exemple). Mais c’est évidemment toujours préférable pour apporter son propre regard à travers la sélection des scènes ou en mettant parfois l’accent sur des détails inattendus. Dans le cas du Fort Intérieur,
j’ai pu lire tout de suite la traduction de Faustine Lasnier et j’ai été emportée en quelques pages par le style léger, sensible et poétique de Stella Benson. Sa plume est très évocatrice et a suscité aussitôt bon nombre d’images et d’atmosphères dans mon esprit, mais les descriptions sont en fait rares. On ignore à peu près tout de l’apparence des personnages, par exemple. J’ai donc dû réaliser au préalable tout un travail de documentation pour me représenter cette Londres de la Première Guerre mondiale et ses habitants, en rassemblant des photos d’époque ou des images de catalogue. J’ai aussi passé un moment à chercher quelle serait la race la plus adéquate pour le chien David, personnage capital s’il en est ! Au final, c’est un Jack Russell terrier.
Quel matériel avez-vous utilisé pour les illustrations de ce roman ?
Pour les illustrations du Fort Intérieur, j’ai travaillé à l’encre de Chine et au pinceau, une technique qui permet d’avoir d’importantes variations de l’épaisseur du trait et donc un rendu énergique qui me semblait bien convenir à l’esprit du roman. J’ai également rehaussé les illustrations de lavis plus clairs et d’un peu de crayon de papier, qui apporte une texture supplémentaire. Les croquis initiaux ont cependant été réalisés pour l’essentiel à l’ordinateur. La fluidité que permettent les outils numériques se prête à mon avis très bien à l’étape initiale de réflexion et de conception de l’image.
Comment sont choisis les passages à illustrer ?
Au moment de la lecture, de nombreux passages suscitaient mon intérêt, et il n’a pas été simple d’en sélectionner seulement quelques-uns. De son côté, Thierry Fraysse, l’éditeur des éditions Callidor, a également réalisé sa propre sélection. Il se trouve que nous avions choisi beaucoup de scènes en commun, preuve qu’elles s’imposaient naturellement. Puis, en croisant nos idées, Thierry a établi une liste finale qui me semblait parfaite en termes de répartition dans l’ouvrage et de choix. Nous sommes donc partis sur cette base pour réaliser les croquis.